Erró – Grimaces
864 Portraits du film «Grimace» 1964-1967
Edité par Axel Heil et Julien Martial,
avec un entretien avec Erró, des textes de Margrit Brehm et Jean-Jacques Lebel,
et une chronologie de Danielle Kvaran, publiée par Ernest Rathenau Verlag, Karlsruhe 2018
Traduction de l’allemand: Denis-Armand Canal;
Traduction de l’anglais: Martine White Suivi éditorial en français: Martine Passelaigue
288 pages, texte français, couverture rigide
304 × 143 × 28 mm, 1020 gr, duotone/couleur
ISBN 978-3-946476-08-5
€ 36,00 (Frais d’envoi en Allemagne : € 5,50 / 1 ex., état au 1.12.2023)
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buch@ernest-rathenau-verlag.de
Un livre sur le film Ce ne sont ni les visages déformés ni les langues tirées, mais la légèreté ludique et le rire des acteurs sur eux-mêmes qui marquent l’impression d’ensemble quand on voit le film Grimace pour la première fois.
Femmes et hommes y font des grimaces en laissant volontairement dérailler leur mimique, et y prennent manifestement plaisir – notamment parce qu’ils ne font pas cela pour l’homme qui est derrière la caméra, mais avec lui.
Entre 1964 et 1967, Erró a demandé à des hommes et femmes artistes, musiciens, poètes, galeristes, critiques et conservateurs, de faire spontanément des grimaces devant sa caméra.
Certains d’entre eux comptent aujourd’hui parmi les héros de l’art du XXe siècle, d’autres ne sont pas encore connus ou déjà tombés dans l’oubli.
À cette époque n’existaient encore ni star-system ni classements dans l’art, et même s’ils avaient existé, le succès ou la célébrité n’auraient pas été déterminants pour le choix des protagonistes.
Erró filmait celles et ceux avec qui il s’était lié d’amitié, qu’il connaissait ou qu’il rencontrait au hasard, par exemple à la Biennale de Venise ou à l’occasion de vernissages, entre Paris et New York.
Il y avait pour cela aussi peu de scénario que de décor : on filmait où l’on se trouvait, là où la lumière paraissait suffisante pour la caméra portable.
En comparaison d’aujourd’hui, le milieu de l’art et les lieux où il se rassemblait étaient encore gérables.
Toutefois, leur caractère international est illustré par la longue liste des participants, qui donne également des indications sur les liens entre les générations.
Au fil des ans, Erró a ainsi collectionné les portraits isolés ; nombre de séquences ne durent que quelques secondes, d’autres presque deux minutes – jusqu’à ce que le rire secoue la main qui tient la caméra et ne fasse vaciller l’image.
En 1967, Denise de Casabianca en a monté finalement 173, avec autant de savoir-faire que de sensibilité, pour en tirer un film de 40 minutes, génialement sonorisé par François Dufrêne.
Le résultat est Grimace – un film expérimental à la fois anarchiste et conceptuel.
Le souhait d’en tirer un livre, qui parle aussi du film, existe depuis de longues années déjà, comme Jean-Jacques Lebel l’écrit dans sa contribution.
Il s’agit aujourd’hui de célébrer un jubilé très particulier : cinquante ans après la présentation du film Grimace au MoMA de New York, en février 1968, sort le livre Erró – Grimaces,
qui présente 133 séquences du film sélectionnées conjointement par Erró et Lebel.
Il permet une vue plus précise des images prises isolément, à la fois sur la représentation et sur les représentés – ce qui est impossible dans un film en raison du rythme même de la projection –
et il ouvre du même coup un nouvel accès à une expérience extraordinaire dans la création protéiforme d’un artiste internationalement apprécié, qui convainc toujours par sa spontanéité et qui donne en même temps,
comme document historique, des aperçus riches d’enseignement sur le milieu de l’art des années 1960.